Quand viennent les bêtes sauvages

Quand viennent les bêtes sauvages

Au matin du 25 octobre 1991, quand Manno Char­le­magne rentre dans l’am­bas­sade d’Ar­gen­tine, il ne sait pas encore que son second exil vient de commen­cer.
– Je ne suis pas sûr que vous soyez en sécu­rité ici. Nous n’avons qu’un seul garde, et des hommes armés viennent de se poster tout autour du bâti­ment.
– Calmez-vous monsieur l’am­bas­sa­deur, ici en Haïti, on m’ap­pelle « l’homme qu’on ne tue pas faci­le­ment ».

En Haïti dans les années 80, les chan­sons de Manno Char­le­magne ont défié la dicta­ture Duva­lier. Ses albums circu­laient sous le manteau, ses refrains étaient repris dans les mani­fes­ta­tions d’op­po­si­tion. Exilé à deux reprises pour échap­per au châti­ment des tontons macoutes, Manno Char­le­magne revient en Haïti au moment de l’élec­tion d’Aris­tide. En 1995, il est élu maire de Port-au-Prince, après un concert mémo­rable. Il se confronte alors à la diffi­culté d’être un chan­teur adulé qui lutte pour des idées progres­sistes et un homme poli­tique qui doit admi­nis­trer une capi­tale en proie à la misère et au chaos…